J’aimerais partager avec vous le poème Prothalame, un bel hymne au printemps composé par Aaron Kramer (1921-1997), que j’ai découvert dans le roman Un été prodigue de Barbara Kingsolver.
Prothalame
Venez, vous tous les inconsolés, souverains d’une chambre solitaire
au papier peint d’oiseaux muets et de fleurs à la floraison factice,
aux armoires pleines de rêves morts depuis si longtemps!Venez, parcourons les rues anciennes — telle une mariée;
écartons les feuilles mortes d’un balai impitoyable;
apprêtons-nous pour le Printemps, comme pour un fiancé
dont, impatients, nous guetterions le pas léger.Nous effacerons les ombres, où les rats se sont longtemps nourris;
balayerons notre honte — et à sa place nous bâtirons
une demeure d’amour, une splendide couche nuptiale
parfumée de fleurs tremblantes pour le Printemps.
Et quand il viendra, nos rêves assassinés s’éveilleront;
et quand il viendra, tous les oiseaux muets chanteront.
Voici la version originale en anglais de l’oeuvre poétique:
Prothalamium
Come, all you who are not satisfied
as ruler in a lone, wallpapered room
full of mute birds, and flowers that falsely bloom,
and closets choked with dreams that long ago died!Come, let us sweep the old streets — like a bride;
sweep out dead leaves with a relentless broom;
prepare for Spring, as though he were our groom
for whose light footstep eagerly we bide.We’ll sweep out shadows, where the rats long fed;
sweep out our shame — and in its place we’ll make
a bower for love, a splendid marriage-bed
fragrant with flowers aquiver for the Spring.
And when he comes, our murdered dreams shall wake;
and when he comes, all the mute birds shall sing.